PARACHA Houkat

HOUQAT

Dans la paracha de cette semaine nous assistons à la disparition de deux personnages centraux du récit biblique : Myriam et Aaron, le frère et la sœur de Moché.
D’un autre côté, nous voyons aussi apparaître deux commandements : la vache rousse et le serpent d’airain. Deux personnages sortent du devant de la scène, deux commandements apparaissent pour les remplacer, pour ne pas laisser le peuple sans guide, face à lui-même, perdu dans le désert. Deux commandements irrationnels, auxquels on ne peut attribuer de logique, à part une chose : faire en sorte que le peuple regarde en haut. Vers celui qui les a ordonnés.
C’est peu, mais c’est essentiel.
C’est même indispensable.
Car quelle est la fonction d’un guide, d’un leader, si ce n’est de toujours faire en sorte que le groupe qu’il dirige ne se laisse pas déconcentrer, décourager devant les épreuves et les difficultés, mais soit toujours conscient d’être en marche vers un but ultime à atteindre, un objectif : en l’occurrence il s’agit ici du monothéisme absolu, exigeant tel que nous le présente la Torah.
Les épreuves inévitables que le peuple subit dans le désert (ici symbolisées par des batailles livrées contre des ennemis réels) ne doivent pas les distraire de la marche lente, terriblement lente et difficile qui doit les conduire vers l’entrée en terre d’Israël et l’établissement d’une société régie suivant les règles éthiques dictées sur le mont Sinaï, une société la moins inégalitaire possible.
En l’absence de leader charismatique reconnu par l’ensemble du peuple juif, en l’absence d’un campement unique dans lequel tous les juifs du monde seraient réunis, qu’est-ce qui aujourd’hui remplit cette mission d’unification et de concentration sur l’objectif ? La réponse est la même aujourd’hui qu’à l’époque de la rédaction de la Torah, même si nous n’avons plus ni vache rousse ni serpent d’airain : il nous reste les mitsvot, et leur traduction dans la règle normative du peuple juif : la Halakha.
Le rabbin philosophe Abraham Joshua Heschel dans son livre sur le chabbat (traduit en français par « Les bâtisseurs du temps ») écrit que les juifs ont autant gardé le chabbat durant les siècles, que le chabbat les a gardé et protégés. On pourrait facilement remplacer le mot chabbat par le mot Halakha.
La Halakha n’est pas une espèce de folklore, un corpus d’us et coutumes du peuple juif qu’on décide de pratiquer ou non par convenances personnelles. Elle ne représente pas, pour le peuple juif, une religion qu’on choisit ou pas de pratiquer, mais un outil pour survivre et continuer à se battre pour la mission que l’on nous a confié : témoigner de l’unicité de Dieu dans le monde.
Chabbat chalom

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