PARACHA Béhaalotékha

BEHAALOTEKHA

Behaalotekha est la paracha de l’allumage de la ménorah dans le Temple. C’est une fonction qui est réservée à Aaron, ou à un de ses descendants. Les commentaires insistent sur la formulation bizarre de la mitsva : « behaalotekha » signifie l« lorsque tu feras monter [le feu] ».
Normalement il aurait fallu écrire « (« lorsque tu allumeras »).
Le contexte est l’inauguration du sanctuaire.
En hébreu, inauguration se dit « Hanouka ».
Hanouka vient aussi d’une racine qui signifie « éduquer » (« hinoukh »).
Eduquer, enseigner, transmettre, c’est faire comme Aaron avec les lumières du chandelier : approcher une flamme, la mettre au contact de la mèche, un certain temps, le temps qu’elle s’allume aussi. Puis retirer la source de feu, et observer la petite flamme naissante. Parfois, on ne sait pas très bien pourquoi, elle ne s’allume pas du premier coup. Ou alors il y a un courant d’air pile au moment où elle est encore trop petite et mal assurée. Il faut revenir, une ou plusieurs fois, faire monter la flamme. On le sent, quand le feu est assez fort, on a l’impression que les deux flammes n’en font plus qu’une grosse, grâce aux deux mèches. Puis on retire la première, on peut l’éteindre, elle n’a plus aucune utilité puisque l’autre est suffisamment forte et bien alimentée.
Vous avez compris la métaphore avec l’éducation d’un enfant, qui consiste en quelque chose de bien plus que de l’instruction : l’instruire, c’est lui donner un certain bagage intellectuel, qui lui sera utile dans sa vie d’adulte. L’éduquer, c’est faire naître une flamme en lui, qu’il devra continuer à entretenir toute sa vie, et transmettre à son tour.
Une flamme est fragile, elle peut s’éteindre, mais ce n’est pas le pire qui puisse lui arriver. Elle peut aussi se transformer en incendie.
Si on s’amusait à reproduire graphiquement (ou réellement) la scène de l’allumage de la ménorah du Temple, on aurait un jeu de lumière, le soir. Entre les flammes, l’or de la Ménorah, les pierres précieuses du poitrail du grand-prêtre, l’encens sur les braises, ces rayons de lumières qui communiquent à distance et forment des éclairages, des étincelles qui scintillent, devait être beau esthétiquement, mais ce n’est pas le seul but.Ce devait surtout être très symbolique de ce qu’est la transmission : on n’apprend jamais tout d’une seule et même personne. Ce que l’on sait, on le doit à l’un ou l’autre de ses maîtres, qui eux même le tiennent d’autres maîtres etc. ce que l’on retient, c’est ce qu’on a entendu une fois, perçu, aperçu, entrevu de là où on se trouvait, que peut-être d’autres n’ont pas pu voir parce qu’ils étaient ailleurs.
« Behaalotekha » : en faisant monter la flamme chez ton élève, tu rendras hommage à ceux qui t’ont donné le feu, et qui t’ont aussi appris à le transmettre.
Chabbat Chalom
Rabbin David Touboul

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