« Et il arrivera, lorsque seront advenus pour toi tous ces événements, la bénédiction et la malédiction que j’ai données devant toi, tu feras retour vers ton cœur au milieu de tous les peuples où la Transcendance ton Dieu t’aura repoussé, et tu reviendras jusqu’à la Transcendance ton Dieu, tu écouteras sa voix comme tout ce que je te commande aujourd’hui, toi et tes enfants, de tout ton cœur et de toute ta personne. Alors la Transcendance reviendra avec ton retour et elle t’aimera et elle te rassemblera de toutes les nations… » (Deutéronome 30, 1-3).
Roch Hachanah qui arrive bientôt, est la fête du jugement : il nous faut apprendre à nous critiquer, à remettre en question nos certitudes et nos habitudes, qu’elles soient positives ou négatives, pour essayer d’inventer un avenir différent, qui ne soit pas la simple reconduction de notre passé, son simple prolongement et ressassement dans la grisaille d’un quotidien sans relief destiné à la mort… Mais cela suppose de passer par un temps de crise – les jours redoutables -, où nous nous mettons face à nous-mêmes et face à Dieu pour juger ce que nous sommes devenus, et à partir de là rebondir vers de nouveaux possibles et vers de nouveaux désirs – vers de nouvelles prières.
A ce niveau, notre parachah tombe à point. Elle nous propose un vade-mecum du rebondissement dans une situation qui semble sans issue. Première chose à faire : revenir vers son cœur. Le cœur pour le texte biblique, ce n’est pas d’abord le lieu de l’émotion et du sentiment : c’est surtout le lieu de l’intelligence. Lorsqu’on est perdu et sans direction, il faut d’abord faire retour vers son intelligence propre, essayer de rassembler son vécu et sa mémoire pour les travailler et se demander comment on a pu en arriver là. Cela suppose un travail d’éclaircissement par rapport à soi qui exige une intelligence personnelle de ce qui nous a amené là où nous sommes.
Ce travail d’intelligence une fois entrepris, il peut nous mener jusqu’à une redécouverte de la Transcendance, c’est-à-dire de cette voix qui en nous et à l’extérieur de nous continue à nous appeler vers un autrement et un meilleur, ou même un ailleurs… Et là, surprise : cette vocation dont nous avions peur parce qu’elle nous paraissait trop grande, ou trop exigeante, ou trop incroyable – la Transcendance ! – reviendra vers nous dans notre retour, dans notre effort d’intelligence, et elle nous entourera de son amour dans ce travail que nous avons entrepris, pour rassembler nos morceaux épars en une personne à nouveau vivante, souriante et amoureuse de sa vie. « Aujourd’hui, si vous écoutez sa voix… » (Psaume 95, 7), la voix du Chofar qui retentit pour nous rappeler à la vie, à notre vie.
Chabat chalom