PARACHA vayetse

VAYÉTSÉ

Jacob s’esquive. Celui qu’on appellera le « lutteur de Dieu » (Israël) s’efface devant son frère, pour que le meurtre d’Abel par Caïn ne puisse pas se répéter.

Et en chemin, après avoir rêvé un rêve inouï, il découvre un puits et trois troupeaux autour. Situation figée, surréaliste : les brebis sont là, elles ont soif et faim, mais personne ne bouge, tout le monde attend. Pourquoi ?

Parce qu’il faut que tous les troupeaux soient rassemblés pour lever la pierre du puits et s’assurer un partage équitable entre tous de cette denrée rare et précieuse qu’est l’eau. La pierre a été calculée pour que – s’il en manque un – les autres n’aient pas la force de la soulever et de s’emparer de l’eau. Souci de justice et d’équité en apparence.

Mais surtout peur des autres, manque de confiance, volonté de s’assurer à tout prix que nul ne puisse voler les autres de leur bien.

Au point que l’économie tourne au ralenti, les bêtes maigrissent, le travail ne se fait plus, un climat de méfiance généralisée s’est installé qui paralyse tout le monde et les fige dans une attente stupéfiante : nul ne bougera tant que tous ne bougeront pas ensemble ! Et les bêtes ont soif et faim…

La crise actuelle est entre autres une crise de confiance : on ne prête plus, car on ne croit plus que l’autre pourra rendre, on ne croit plus en l’autre. Le crédit diminue, car la créance n’existe plus. Qui peut encore faire confiance en l’autre, quand il n’y a plus de fidélité ? C’est le règne du cynisme et de la désillusion qui crée une situation où il faut s’assurer de tout, plutôt que d’agir et d’entreprendre. On ne fait plus alors, parce que l’on passe son temps à se protéger et à s’assurer…

Quand Jacob pose des questions à ces gens, c’est à peine s’ils lui répondent : comme s’ils avaient peur que même leur parole ne les mette à « découvert » et soit utilisée contre eux ! Règne de la pénurie, alors que la source est là, toute proche, mais éteinte sous le poids de nos tensions et de nos craintes !
 Jacob n’y tient plus et veut les faire bouger. Mais que peut-il contre tous et face à un blocage qui semble institutionnalisé ? 
C’est l’arrivée imprévue de Rachel qui va tout bouleverser : face à cette femme que Jacob va aimer profondément, même si maladroitement, tout se débloque ; Jacob se découvre une force inestimable qui lui permet de relancer l’économie générale en roulant seul la pierre et en donnant à boire au troupeau de cette femme inconnue.

N’est-ce pas l’amour qui restaure la confiance, parce qu’il démontre et témoigne du fait que toute relation humaine est d’abord construite sur la gratuité d’une responsabilité qui la porte et lui donne sens ? 
Chabat Chalom

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