Voici la paracha BERECHIT commentée par notre shaliah tsibour Yedidiah Robberechts :
Les douze premiers chapitres de la Genèse soufflent le chaud et le froid. D’une part, on nous rapporte que Dieu a créé le monde et l’homme, ce qui nous apprend a minima que tout n’est pas le fruit du hasard, mais qu’une intention bonne a présidé à l’existence de toute chose, et à notre propre existence. On semble donc pouvoir souffler et s’appuyer sur ce qui somme toute est une narration assez optimiste de notre origine, et donc aussi de notre destin. Et pourtant la Bible semble nous obliger tout de suite à déchanter : le tohu-bohu, la première faute, le premier meurtre, la violence endémique qui aboutit au déluge, la tour de Babel… Le point d’orgue de ce qui ressemble à un désastre est d’ailleurs affirmé de but en blanc lorsque le narrateur biblique nous apprend que « le Nom a regretté d’avoir fait l’homme sur la terre » (Genèse 6, 6). Comment ?! Même le dessein divin semble pouvoir échouer ? Même lui ne serait pas capable d’amener son projet à son terme et de le faire réussir ? Et il faut que lui-même se tache les mains de sang en mettant ainsi fin à la violence humaine par la violence divine ? Quel abîme semble ainsi surgir entre la volonté divine et sa réalisation !
La tradition ne donne pas de réponse simple à ces questions abyssales, que l’actualité nous rappelle brutalement. Mais un point doit nous retenir : au sortir de l’arche, une nouvelle époque s’ouvre, où l’ordre du monde est profondément transformé avec l’émergence de la notion d’alliance. C’est elle qui va désormais supporter l’histoire et empêcher que la violence humaine ou divine ne finisse par la consumer : comme si l’aventure de la création en passait désormais nécessairement par la qualité d’une relation à construire. Dites-moi quel type de religion vous êtes en train de construire, je vous dirai si vous préparez le déluge ou si un jour votre monde sera accueillant à l’humain et à son développement…
SHABBAT SHALOM