PARACHA vayakel

VAYAKEL

Cette paracha semble répéter ce qui a été déjà dit auparavant : simplement, ce qui n’était que projet dans la parachah Teroumah, est à présent réalisé effectivement par Betsal’el. A quelques détails près pourtant, et ce sont bien sûr ces détails qui sont signifiants. Par exemple, alors que Dieu avait ordonné à Moïse de d’abord construire l’arche, la table et la menorah, et ensuite le sanctuaire, Betsal’el a décidé de commencer par le sanctuaire, pour ensuite y introduire l’arche, la table et la menorah.
On peut apprendre de cela deux choses. D’abord que la Transcendance ne désire pas une obéissance aveugle, brute, mécanique, mais au contraire une écoute attentive qui face à l’exigence divine prend en compte les conditions de possibilités d’application sur le terrain de cette volonté, et la monnaye en fonction de ces conditions et de leur évolution. Autrement dit, la réception humaine du message divin se doit d’être active : l’exigence divine ne doit pas s’imposer telle quelle, mais doit rebondir sur le désir humain qu’elle appelle et suscite pour le faire émerger à sa propre responsabilité et à sa propre dynamique dans le temps et dans l’histoire, pour que puisse être mise en œuvre véritablement la notion d’alliance. C’est le fondement de la Torah orale dans le Judaïsme.
Ensuite, que la réalisation n’égale pas le projet, même si elle s’en approche beaucoup : il y a toujours une distance entre l’un et l’autre, fût-ce comme dans un miroir, où l’un renvoie à l’autre, mais à l’envers et en creux. Et cela permet peut-être de comprendre un des sens possibles du sacrifice, qui en hébreu se dit qorban, ce qui peut aussi se traduire par approche et approximation : toute approche de l’idéal divin ne reste finalement au niveau humain qu’approximation de cet idéal, qui demande dans son faire même à être relancée vers un mieux qui n’est pas encore. C’est peut-être un des sens du fameux Naaseh venichma, nous ferons et nous écouterons (Exode 24, 7). C’est-à-dire que notre faire comme approximation de l’idéal devra relancer notre écoute et notre désir par-delà toute satisfaction et saturation de l’idéal dans un accomplissement, pour que ce projet puisse continuer à retentir en nous comme un appel vivant et actuel.

Chabat Chalom
Yedidiah Robberechts

Partager cet article >