Tout va mal, puis Dieu appelle Abram, et tout va bien…
C’est un peu l’impression que l’on a lorsqu’on passe des onze premiers chapitres de la Genèse à la saga d’Abraham qui commence au chapitre 12 avec le fameux Lekh lekha, que l’on peut traduire par : « va pour toi », ou « va vers toi ».
Mais pourquoi Dieu choisit-il Abraham, et après lui Isaac et Jacob, qui deviendra Israël ? Parce qu’il avait de beaux yeux ? Le texte ne semble rien nous dire sur les raisons de ce choix.
Arbitraire divin donc ? Le Midrach Raba s’est déjà posé cette question et voici sa réponse : c’est comme un homme qui en voyageant découvre un superbe château en flamme. Il se demande : n’y a-t-il pas de propriétaire à ce château pour éteindre l’incendie ? A ce moment, le propriétaire lui apparaît et lui dit : c’est moi le propriétaire, viens, éteignons cet incendie ensemble.
Selon ce midrach, Abraham n’aurait pas été choisi par hasard. Il se serait choisi lui-même quelque part en s’inquiétant du sort du monde.
Voilà un monde qui semble fait pour être habité et devenir humain – qui semble être traversé par une intention qui porte l’humain et qui porte vers l’humain. Et pourtant, on le voit sans cesse ravagé par la violence, l’injustice, la bêtise…
Voilà un monde qui semble être construit pour le bien et qui est ravagé par le mal ! Il doit tout de même y avoir quelqu’un qui est responsable de tout cela et qui va mettre fin à une telle calamité ?!
A ce moment, Dieu lui apparaît et lui dit : va pour toi vers la terre que je te montrerai … et par toi – par le fait que tu es devenu responsable de l’histoire avec moi, et que toi, ta famille et tes descendants allez témoigner de cette responsabilité dans l’histoire – seront bénies toutes les familles de la terre.
C’est l’urgence de la responsabilité face à une situation intolérable – l’injustice dans un monde qui devrait être humain – qui a fait émerger l’élection d’Abraham, puis d’Israël, et c’est avec lui que nous devons partir à l’aventure encore aujourd’hui vers un avenir qu’Il nous montrera – et que nous ne connaissons donc pas encore – parce qu’il reste encore à inventer, c’est-à-dire à découvrir par les pas qui nous portent vers lui.
Chabat Chalom.
Yedidiah Robberechts